Il y a un an tout juste, je me
relevais. Devenue l'ombre de moi-même, les nerfs à vifs, l'âme détruite. Il a
fallu tout ce temps pour que les sillons laissés par les cicatrices de ces
épreuves deviennent supportables. Le monde qui se présentait à mes yeux n'avait
que peu d'intérêt, à vrai dire il n'en avait plus .... du moins, plus beaucoup.
L'année passée j'ai appris à
connaitre quatre hommes.
Le premier, je n'en dirai rien.
Nous nous sommes assez déchirés en public et en privé pour qu'on en reste là aujourd'hui.
On sait à quoi s'en tenir.
Le second est un ami. Difficile
d'en parler par les temps qui courent, tant les malentendus et les silences ont
eu raison semblerait-il de notre connivence, mais ça, c'est une autre histoire.
Viendra le temps où il faudra qu'on en parle. Retenons qu'il a été là quand il
le fallait, même si il était parfois très loin de prendre la mesure de la
profondeur de la blessure qui me rongeait.
Le troisième est un intermittent
de ma vie. Là, pas là, mais toujours à l'écoute. Jamais très loin au cours de
ces quatre dernières années. Il a passé celle qui vient de s'écouler à me
surveiller du coin de l'œil. Un peu inquiet de mes mouvements d'humeur, d'une
détresse qui l'a laissé désarmé. Lui qui fait pourtant partie des forces de
l'ordre était bien impuissant devant le bordel qu'était ma vie.
Le quatrième et dernier m'a porté
à bout de bras. Il a été mon refuge, mon épaule secourable, mon sourire revenu.
Il est bien plus encore. Il m'a fait découvrir la philosophie sous un jour nouveau.
J'ai, alors, vu la vie sous un autre angle. Plus de culture et moins, voire
plus de larmes. Le stoïcisme a remplacé l'agitation. Une paix nouvelle a fait
place à une destruction massive. Merci pour tout ce que tu es et ce que tu m'a
aidé à devenir. Le reste lui appartient.
Je ne suis pas redevenue moi-même. Cette personne là, je ne suis pas sure d'en vouloir à nouveau. J'ai évolué. En bien ... tout dépend à qui on le demande. Bien résolue à ne plus me laisser marcher dessus, ça, ça ne fait aucun doute. Un brin cynique, détachée (beaucoup y verront une volonté de ne plus y laisser ma peau), et prête à vivre une vie en se faisant le moins de mal possible. Il est évident que j'y vois aussi une manière d'en faire le moins possible aux autres. Plus sereine aussi.
Quand on a vécu un "burn out" on sait ! Quand rien n'a plus
d'importance, on prend vite la mesure des choses. Quand on arrive plus à
trouver la motivation suffisante pour sortir un pied du lit ou à ouvrir la
bouche pour se nourrir on sait ce qui est grave, ce qui ne l'est pas et ce dont
on peut se foutre, parce qu'on sait que quelle que soit notre réaction ça ne
changera pas la face du monde. Ca ne fera pas revenir l'autre (ami ou autre)
non plus.
On relativise. Et quand on se dit
"j'en ai rien à foutre", on divise déjà le problème par deux. Une
année à me regarder le nombril comme dirait un des quatre concernés. Ben ouais,
ça coute moins cher qu'un psy mais ça peut être tout aussi constructif quand on
est équipé pour réfléchir, et j'ai la prétention de croire que je le suis.
A deux de ces hommes, je leur dis
: "ne t'en fais pas, je vais bien". Ils le savent déjà, ils me
connaissent par cœur ou pas très loin.
Les deux autres s'en tapent,
..... si ça fait leur bonheur, je n'ai rien à ajouter.