lundi 27 août 2012
mardi 15 mai 2012
Ne t'en fais pas, je vais bien
Il y a un an tout juste, je me
relevais. Devenue l'ombre de moi-même, les nerfs à vifs, l'âme détruite. Il a
fallu tout ce temps pour que les sillons laissés par les cicatrices de ces
épreuves deviennent supportables. Le monde qui se présentait à mes yeux n'avait
que peu d'intérêt, à vrai dire il n'en avait plus .... du moins, plus beaucoup.
L'année passée j'ai appris à
connaitre quatre hommes.
Le premier, je n'en dirai rien.
Nous nous sommes assez déchirés en public et en privé pour qu'on en reste là aujourd'hui.
On sait à quoi s'en tenir.
Le second est un ami. Difficile
d'en parler par les temps qui courent, tant les malentendus et les silences ont
eu raison semblerait-il de notre connivence, mais ça, c'est une autre histoire.
Viendra le temps où il faudra qu'on en parle. Retenons qu'il a été là quand il
le fallait, même si il était parfois très loin de prendre la mesure de la
profondeur de la blessure qui me rongeait.
Le troisième est un intermittent
de ma vie. Là, pas là, mais toujours à l'écoute. Jamais très loin au cours de
ces quatre dernières années. Il a passé celle qui vient de s'écouler à me
surveiller du coin de l'œil. Un peu inquiet de mes mouvements d'humeur, d'une
détresse qui l'a laissé désarmé. Lui qui fait pourtant partie des forces de
l'ordre était bien impuissant devant le bordel qu'était ma vie.
Le quatrième et dernier m'a porté
à bout de bras. Il a été mon refuge, mon épaule secourable, mon sourire revenu.
Il est bien plus encore. Il m'a fait découvrir la philosophie sous un jour nouveau.
J'ai, alors, vu la vie sous un autre angle. Plus de culture et moins, voire
plus de larmes. Le stoïcisme a remplacé l'agitation. Une paix nouvelle a fait
place à une destruction massive. Merci pour tout ce que tu es et ce que tu m'a
aidé à devenir. Le reste lui appartient.
Je ne suis pas redevenue moi-même. Cette personne là, je ne suis pas sure d'en vouloir à nouveau. J'ai évolué. En bien ... tout dépend à qui on le demande. Bien résolue à ne plus me laisser marcher dessus, ça, ça ne fait aucun doute. Un brin cynique, détachée (beaucoup y verront une volonté de ne plus y laisser ma peau), et prête à vivre une vie en se faisant le moins de mal possible. Il est évident que j'y vois aussi une manière d'en faire le moins possible aux autres. Plus sereine aussi.
Quand on a vécu un "burn out" on sait ! Quand rien n'a plus
d'importance, on prend vite la mesure des choses. Quand on arrive plus à
trouver la motivation suffisante pour sortir un pied du lit ou à ouvrir la
bouche pour se nourrir on sait ce qui est grave, ce qui ne l'est pas et ce dont
on peut se foutre, parce qu'on sait que quelle que soit notre réaction ça ne
changera pas la face du monde. Ca ne fera pas revenir l'autre (ami ou autre)
non plus.
On relativise. Et quand on se dit
"j'en ai rien à foutre", on divise déjà le problème par deux. Une
année à me regarder le nombril comme dirait un des quatre concernés. Ben ouais,
ça coute moins cher qu'un psy mais ça peut être tout aussi constructif quand on
est équipé pour réfléchir, et j'ai la prétention de croire que je le suis.
A deux de ces hommes, je leur dis
: "ne t'en fais pas, je vais bien". Ils le savent déjà, ils me
connaissent par cœur ou pas très loin.
Les deux autres s'en tapent,
..... si ça fait leur bonheur, je n'ai rien à ajouter.
samedi 5 mai 2012
Du voyeurisme
Le sujet que je voudrais aborder,
ici, aujourd’hui, est un peu délicat. Tellement délicat que je sens que je ne
vais pas me faire que des amis. M’enfin cette année, je commence à en avoir l’habitude.
Un peu plus un peu moins, allons-y.
Le sujet, donc, comme annoncé n’est
pas des plus faciles. Petit mise en situation. Le premier mai, cette année, a
été exceptionnellement beau et clément. Les gens sont sortis en masse faire un
tour pour profiter du soleil après un mois, voire un peu plus, de déluge. La
rue est calme, et pour une fois, j’ai ouvert mes velux pour profiter de la
douceur. J’entends quelqu’un crier dans la rue, encore un clodo qui a sa crise.
L’inconvénient de vivre en centre-ville c’est qu’on participe à peu près à tout
ce qui se passe sur le trottoir, même au troisième étage. J’écris « à peu
près » parce que, là, ça a son importance. Pour la seconde fois en moins
de cinq minutes, j’entends à nouveau beugler, mais pas au même endroit. Le son
a tourné le coin de la rue. Pendant que je me lève de ma chaise et que je prends
mon appareil (s’il se passe un truc sous mes fenêtres, autant le fixer).
Je descends sur mon palier, ouvre
la fenêtre, et là, j’aperçois un attroupement, pile en bas de chez moi. J’épaule,
je shoote. Un homme est à terre et trois personnes l’entourent. Certains tirent
et réfléchissent ensuite, moi, je shoote et j’essaie de comprendre ensuite. Ce
que je comprends, après coup, c’est que ça sent furieusement le délit de fuite.
L’homme est là, par terre, étendu, de ce que je comprends, celui que j’ai entendu
brailler, n’est pas celui qui est git par terre puisque d’après ma voisine de l’immeuble
après le mien, il y là depuis un bon quart d’heure. Les trois hommes font la
circulation, et, évitent qu’il se fasse rouler dessus. Les secours sont en
route. A part attendre, il n’y a plus rien à faire. Je remonte chez moi, je me
sens mal à l’aise d’assister à son inconscience. On n’est pas au cirque et la
curiosité malsaine, je n’aime pas ça !
Après réflexion, je n’ai entendu
aucun coup de frein. Me voilà avec ma photo dont je ne sais pas quoi faire. La
publier, ne rien en faire …. J’ai laissé mariner pendant quatre jours. J’ai
décidé, finalement d’en faire quelque chose. Je vous pose la question. Qui est
le plus cynique et froid dans l’histoire. Qu’est-ce qui est le plus abject
selon vous :
-
De faire la photo sans réfléchir, et de la
publier alors que ça sent le voyeurisme ?
-
De passer sur le trottoir sans même jeter un
regard parce qu’on l’a déjà fait quand personne ne regardait à vingt mètres de
là ?
-
Ou bien d’avoir renversé ce pauvre type et de s’être
barré parce que personne ne pouvait l’identifier ?
Prenons, maintenant, une photo
faite jeudi soir au métro Rome. Le ton est donné dès la sortie. Le quartier est
« populo », c’est crasseux, et les tracts que les deux activistes
distribuent pour les prochaines élections sont rouges. Peuple, misère,
communisme, forcément ça se marie bien par ici. Sauf que personne ne tend la
main pour les prendre et ils ont un peu l’air d’une quiche avec leurs papiers.
Tout le monde s’en fout. Je me tourne, je cherche à m’orienter, une amie et moi
avons rendez-vous dans un café et je joue les GPS. Décidément, ça me poursuit !
Je tombe sur un clodo, encore un ! En même temps, à Paris, il y en a de
plus en plus. Impossible de s’asseoir sur un banc, ils les squattent tous. M’enfin,
celui-là c’est par terre qu’il git. Il s’est endormi dans son blouson, à sa
tête sa bouteille de vin et un gobelet renversé sur le goulot. Un clodo classe !
Je le shoote, parce que j’ai déjà en tête une petite idée. Là aussi tout le
monde s’en fout, ils font tous un écart pour l’éviter. D’ailleurs personne ne
le voit. Ne les appelle-t-on pas les invisibles ? Il dort ! Le feu
rouge est à côté, les voitures font un boucan de tous les diables, mais assommé
par l’alcool il dort. Il n’a pas eu d’accident, il ne fait aucun bruit.
Où est le choquant dans cette
image ? Pour la plupart des gens rien. Comme écrit plus haut, des clodos,
y en a partout ! La misère ne choque plus personne. On évite de la voir,
on n’y pense pas, ça pourrait être contagieux ! Celle-là, je sais que peu
de gens vont me la reprocher. Ceux qui le feront oublient que, eux non plus, ne
lui auraient rien donné et l’auraient surement regardé à la dérobée. Le
voyeurisme est donc à deux vitesses. On y prend du plaisir, on peut même parler
de fascination. Et il y a le voyeurisme « sécure » où on peut regarder
ces photos tranquillement chez soi et revenir dessus autant de fois que
nécessaire. J’ai eu cette impression hier.
J’étais chez le coiffeur et je suis
tombée sur un article dans Gala avec des photos de Yuri Kozyrev
accompagnent cet article. Après le massacre, il lui a été permis de
photographier les cadavres. Ils avaient enlevé leurs vêtements pour se jeter à
l’eau, croyant alors pouvoir échapper au forcené. Les corps sont là, exposés à
l’objectif. On ne voit pas de sang, ils ont l’air de dormir, mais ce sont de
vrais morts. Quand on a questionné Breivik sur sa façon de débusquer ses
victimes, il a déclaré avoir fouillé les anfractuosités comme s’il avait dû s’y
cacher lui aussi. J’y suis revenue deux fois. J’avais du mal à croire ce que je
voyais. D’ailleurs, sur le net les photos sont inaccessibles.
Nous sommes tous des voyeurs, peu
sont dangereux, parait-il que c’est partie intégrante de la nature humaine. Où
s’arrête la bienséance ?
dimanche 26 février 2012
Allégorie de la tempête
Après une tempête, tout homme,
qu'il soit marin ou simple passager, réagit en survivant.
Pour l'un, il le sera jusqu'à la
prochaine. Pour l'autre, il EST un survivant. Il a essuyé cette tempête et
espère bien que ce sera la dernière. Il en aura le souvenir et le répètera à
l'envi à qui voudra l'entendre. Peut-être pour se convaincre qu'il est toujours
vivant, ou bien peut-être pour conjurer le mauvais sort.
C'est de cet état d'esprit dont
je procède. La tempête fit rage longtemps et en sortir ne fut pas une mince
affaire. J'y ai laissé un morceau d'âme bien plus important que je ne l'aurais
souhaité.
Ceux qui ne sont pas des habitués de la houle savent qu'après le mal de mer, il est très possible de souffrir du mal de terre. Tout continue à osciller alors que nous avons les deux pieds bien plantés sur la terre ferme. Le monde s'agite et tangue encore et encore pendant des jours. Le calme revenu, le mal n'en reste pas moins présent.
Des grains j'en essuie encore.
Sont-ils réels ou résiduels, tout est suggestif. Pourtant je le sais. Si je
ferme les yeux, je sens la terre sous mes pieds et je n'entends aucun vent
souffler. Je sais que la tempête est finie mais je n'en ai pourtant pas pour
autant fini avec elle. Dans quelques temps, elle sera surement un souvenir que
je répèterai, moi aussi à n'en plus finir pour conjurer le sort.
Cette allégorie de l'année passée
devrait parler à certains et ne sera, pour les autres, qu'une simple histoire
de marins parmi tant d'autres.
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