Après une tempête, tout homme,
qu'il soit marin ou simple passager, réagit en survivant.
Pour l'un, il le sera jusqu'à la
prochaine. Pour l'autre, il EST un survivant. Il a essuyé cette tempête et
espère bien que ce sera la dernière. Il en aura le souvenir et le répètera à
l'envi à qui voudra l'entendre. Peut-être pour se convaincre qu'il est toujours
vivant, ou bien peut-être pour conjurer le mauvais sort.
C'est de cet état d'esprit dont
je procède. La tempête fit rage longtemps et en sortir ne fut pas une mince
affaire. J'y ai laissé un morceau d'âme bien plus important que je ne l'aurais
souhaité.
Ceux qui ne sont pas des habitués de la houle savent qu'après le mal de mer, il est très possible de souffrir du mal de terre. Tout continue à osciller alors que nous avons les deux pieds bien plantés sur la terre ferme. Le monde s'agite et tangue encore et encore pendant des jours. Le calme revenu, le mal n'en reste pas moins présent.
Des grains j'en essuie encore.
Sont-ils réels ou résiduels, tout est suggestif. Pourtant je le sais. Si je
ferme les yeux, je sens la terre sous mes pieds et je n'entends aucun vent
souffler. Je sais que la tempête est finie mais je n'en ai pourtant pas pour
autant fini avec elle. Dans quelques temps, elle sera surement un souvenir que
je répèterai, moi aussi à n'en plus finir pour conjurer le sort.
Cette allégorie de l'année passée
devrait parler à certains et ne sera, pour les autres, qu'une simple histoire
de marins parmi tant d'autres.