mercredi 6 juillet 2011

Le temps d'un arrêt en gare ....

Le train se vide à la première station. Les gens rentrent chez eux après leur journée de travail. Les corps sont las,  il fait chaud. Elle vient s'asseoir à côté de moi alors que tous les autres sièges sont vides autour de nous.

La première chose qui me fait tourner la tête vers elle est un regard curieux d'un usager assis un peu plus loin. Et puis tout à coup je sais. Je sens, je la sens. Elle n'est plus de notre monde ou si peu. Ma première perception d'elle c'est l'odeur. Des relents de crasse, d'alcool et de cigarette froide me prennent à la gorge. Singulier chez les femmes mais de femme il n'en reste plus grand chose finalement. Sa couleur est passée, ses cheveux sont en désordre et gras. Une cigarette dont elle a éjecté le bout incandescent pend au bout de ses lèvres. Elle est habillée de noir, comme pour passer inaperçue elle qui est déjà à l'écart de notre monde. Ses mocassins noirs sont blancs de terre et de poussière. Elle fouille frénétiquement dans son sac à main posé à même le sol. Elle est pliée en deux et ses mains s'agitent dans le dernier reliquat de symbole de sa féminité, à la recherche d'un je ne sais quoi.

Son odeur finit par avoir raison de mes bonnes manières et je me lève pour déménager mes sacs quelques sièges plus loin. J'aperçois alors sa peau. Elle doit avoir une quarantaine d'années ....peut être. Dans la rue on vieillit vite ! Sa peau est rouge violacée presque aubergine. L'alcool et la malnutrition.

Elle se lève brusquement, reprend son sac et se dirige d'un pas rapide et lourd vers les portes du train. Elles se sont refermées. Elle agite et tire la poignée compulsivement presque avec rage. Elle n'a pas compris, on est repartis. Elle monte à l'étage prendre une autre place.

Putain de train !!! ...


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